Les reins, encore les reinslundi 30 juin 2008,
De nouvelles données confirment la nécessité d’une surveillance particulière des reins chez les personnes séropositives.En janvier dernier, nous alertions les lecteurs d’Info Traitements sur la nécessité d’un suivi accentué de la fonction rénale chez les personnes séropositives (accédez à cet article en
cliquant ici). La publication récente d’une étude menée au Japon semble confirmer cette nécessité, et aussi que plus la population des personnes séropositives vieillit, plus elle est exposée à des problèmes rénaux. Les chercheurs du Kogamome General Hospital de Tokyo ont procédé à l’analyse rétrospective des dossiers médicaux de 748 personnes séropositives cliniquement stables (659 hommes et 89 femmes). L’âge moyen de ces patients était de 44 ans (entre 21 et 79 ans). Les paramètres suivants ont été passés en revue : protéinurie
1 et hématurie microscopique
2, N-acétyl-glucosaminidase (NAG) urinaire
3, créatinine sérique
4, eDFG
5, numération des CD4, charge virale, usage des / durée d’exposition aux médicaments antirétroviraux, usage des médicaments prescrits contre l’hypertension. Protéinurie et hématurie se sont révélées positives chez 50 % et 11,3 % des patients, respectivement (les deux l’étaient chez 8,41 % des patients). Des atteintes tubulaires
6 (définies par des niveaux de NAG urinaire supérieurs à 11 U/L
7) ont été identifiées chez 42 patients sur 112 (37.5 %). La prévalence de la maladie rénale chronique et de l’insuffisance rénale chronique (ISC) a été de 87,8 % et de 16,2 % respectivement. La majorité des patients chez qui la maladie rénale chronique était présente, soit 487 d’entre eux (65,1 %) était au stade 2 de la maladie
8. Autres éléments ressortant clairement de l’étude : d’une manière générale, l’usage des antirétroviraux, les niveaux de NAG et l’âge sont des facteurs significatifs de l’augmentation de la protéinurie. La protéinurie, l’âge et l’usage d’hypotenseurs
9 sont fortement associés à l’insuffisance rénale chronique. Les atteintes tubulaires sont associées aux antirétroviraux, à l’âge et aux triglycérides. De plus, une durée d’exposition aux antirétroviraux de plus de 2 ans et demi est statistiquement associée aux atteintes tubulaires. De manière inattendue, la prévalence de maladie rénale chronique s’est donc révélée élevée parmi les patients séropositifs de l’hôpital Kogamome. Mais les chercheurs impliqués dans cette étude soulignent aussi que les patients les plus âgés, avec une longue histoire de prise d’antirétroviraux, de la protéinurie et de l’hypertension, sont prédisposés à l’insuffisance rénale chronique entraînée par les atteintes tubulaires.
1Protéinurie : Présence d’un excès de protéines dans l’urine, signalant un mauvais fonctionnement des reins.
2Hématurie microscopique : Présence de sang invisible dans les urines, détectée par examen (au contraire de hématurie macroscopique, quand le sang est visible dans les urines).
3NAG : le N acétylglucosaminidase est un enzyme contenu dans les urines.
4Créatinine sérique : La créatine est un enyme musculaire qui est éliminé par les reins. Mesurer les taux de créatinine permet d’obtenir des informations sur le fonctionnement des reins.
5DFG : le débit de filtration glomérulaire est le moyen le plus utilisé pour évaluer la fonction rénale. Les glomérules et le tubule sont des éléments majeurs de la constitution des reins.
6 Atteintes tubulaires : atteintes du tubule, élément majeur de la "machinerie" des reins.
7U/L : Unités par litre
8 Stade 2 de la maladie rénale chronique : dans la classification de la maladie rénale chronique et de la sévérité de l’insuffisance rénale, le stade 2 correspond à une insuffisance rénale modérée, soit un stade supérieur à la maladie rénale chronique.
9Hypotenseurs : médicaments faisant baisser la tension artérielle
source : actions traitements juillet 2008